Haití: Cambiar vandalismo por cerámica

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Recouvrir les murs d’une fresque en céramique découpée en alternative aux graffitis vandales. Telle est la proposition de Legb’art Nénuphar, groupe artistique mené par Lobenson Civilma, le sculpteur des héros d’argile.

À Tabarre 68, l’Institution Notre­Dame fait la différence. Sur un pan de ses murs, des élèves, munis de leurs cordes, s’ingénient à porter Haïti pendant que d’autres soulèvent les bouts de la presqu’île, trop grande pour tenir sur l’attelle. Sur un autre pan de mur, d’autres élèves plantent des fleurs et soignent des arbres, tandis que plus loin un petit groupe danse avec des adultes (leurs parents peut­ être) au rythme d’un tam­tam endiablé. Un petit bonhomme, lui, préfère l’herbe et la lecture. Ce débordement d’énergie ne laisse aucun doute quant au rôle de ces personnages de céramique qui tiennent à jouer leur partition pour des jours plus radieux.

« Nous avions proposé cette fresque au père responsable de l’Institution Notre­ Dame qui avait été tout de suite intéressé. Il nous a fallu trois mois et une quinzaine de jours pour la finaliser », explique Lobenson Civilma, initiateur du projet avec Fabian Gervais Charles et Wiss Jims Antoine Dorléus, regroupés autour de Legb’art Nénuphar.

La technique pour ce type de fresque est assez simple en apparence. Elle nécessite toutefois une grande dextérité et un souci du détail qui va beaucoup jouer sur le découpage de la matière et la finition du travail. La première étape consiste à préparer la surface, tracer le dessin à appliquer et enfin casser et coller la céramique. « Nous donnons une forme à la céramique découpée et utilisons également des matières comme du thin set, du graout et du ciment, nous explique Lobenson Civilma, initiateur du projet. Nous appelons ce style F3, avec le F pour fond, fresque, force, fourgue et le 3, 3 syllabes; la céramique et nous, les artistes : Wiss, Fabian et moi, Lobenson.»

La grande énergie qui se dégage des personnages de la fresque de l’Institution Notre­Dame, même sans les traits du visage, n’est pas due au hasard. Elle est cultivée par le groupe, comme le stipule Lobenson : « Depuis le début, lorsque nous étions encore des étudiants à l’Enarts, il était clair entre nous que la vie doit se dégager de nos œuvres. Le public, le client ou n’importe qui, doit avoir ce sentiment en regardant une de nos réalisations. C’est un point d’honneur que nous mettons à cela. Et cela ne change pas, même lorsque chacun de nous trois travaille sur des projets individuels ».

Cette fresque n’est pas la première réalisation de Legb’art Nénuphar, qui existe maintenant depuis six ans et qui a pris naissance au coeur de l’École nationale des arts (ENARTS), d’où sont diplômés Lobenson, Wiss et Fabian. En effet, cette même technique orne la place Hugo Chàvez, sur la route de l’aéroport, et une commande de Fred Lizaire est en phase de finalisation. Dumy, Vladimir, Maxo, Roger, Jimmy, Luckenson Nael, Peterson et Edson, des camarades de promotion pour la plupart, ont tous contribué au projet.

Le temps moyen pour une telle œuvre dépend de la superficie à couvrir et est très variable : « par exemple, en ce qui a trait à la fresque sur la place Chàvez ont a mis huit mois pour sa finalisation. Recouvrir une pièce n’exigera pas autant de temps qu’une piscine ou une cour », continue Lobenson, qui signe ses œuvres EL sept ou L7. Bien sûr, le cachet varie aussi en fonction de l’étendue de la tâche.

« Nous sommes disposés à travailler avec toute personne ou institution qui serait intéressée par un tel travail, plus durable et tout aussi beau que des fresques faites de peintures ou de graffitis. De plus, il résiste mieux aux actes de vandalisme. J’en profite aussi pour dire que 120 jeunes vont bientôt être formés à la technique F3 », avance le jeune sculpteur, qui nourrit de grandes ambitions.

Publicado en Le Nouvelliste
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