Fotografía burlesca sobre el proceso electoral en Haití

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«Débats aux murs» est l’ouvrage du Sociologue et photographe, Kesler Bien­aimé, dans lequel sont exposées plus d’une centaine de photos de certains candidats, déchirées, placardées dans les rues de toute la république. Il les avait photographiées, lors des élections législatives et présidentielles de 2005­2006. Ce livre est une invitation à discuter par le visuel l’ambiance intestine électorale.

Ultime évidence, nos rues se transforment en musée électoral à chaque élection. Partout, les candidats exhibent leurs images. Via le sixième art, ils se vendent, violent la propriété privée et accroissent le taux d’insalubrité du pays, voulant à tout prix gagner le pouvoir par le biais de leurs ouailles

Les Œuvres « Débats aux murs », aventure photographico­livresque, répertorient ces derniers. À travers 169 pages, l’on découvre « Baryè Boutèy » illustrant une photo de l’ancien Président René Préval dans laquelle figure son nom et son crâne. Devant son visage, des bouteilles de « Toro » sont exposées. « Candidat sur déchets », un conteneur usé – dans un espace réservé aux détritus –, sert de support aux images des candidats, dont Evans Paul, Lesly François Manigat, Eric Julien. Dans une même mise en scène, un personnage en train d’uriner et deux passants indifférents à ce tableau publicitaire ou encore à ce pop art électoral. Plus loin, une photo intitulée « Gratte­Ciel ». Ici, chaque candidat, sur des pancartes agrippées les unes aux autres, essaie de paraître plus dominant dans cette « lutte de pesanteur ou d’altitude ».

Pour sa part, l’image « Frekansite », raconte la place d’armes des Gonaïves, exhibant des posters de candidats placardés sur le monument de Jean Jacques Dessalines. « Profanation » est également inscrite dans cette dynamique. Toujours dans une démarche contemplative, la photo « Évangile selon la rue », illustre Chavannes Jeune et Guy Philippe dans une technique de bricolage, mi­Chavannes, mi­Guy Philippe.

Les partisans des candidats ou encore l’homme de la rue se portent en de véritables créateurs pour donner un autre ton aux images des concurrents. Ils déforment les photographies de ces derniers, les badigeonnent, les déchirent, les caricaturent. Tolérance zéro! Est­ce une façon pour Kesler Bien­aimé de questionner notre système démocratique où la liberté d’expression entre les prochains élus est littéralement inexistante?

Esthétique et Politique

Ordinairement, les photographes haïtiens s’évertuent à offrir de belle représentation. Derrière sa caméra, Kesler Bien­aimé se tient à la sincérité photographique. Il saisit l’instantané. Une exposition qui invite à la discussion politique et à l’appréciation du sens plastique de la population. Autrement dit, un travail d’une double dimension: esthétique et politique.

Les prises de ses œuvres sont originales. Leurs titres se dévoilent dans un truchement ironique, satirique ou burlesque. Pourquoi pas l’esthétique carnavalesque? L’image et le titre se font complices pour mettre sous les projecteurs l’ambiance combative pendant la campagne électorale.

D’après Patrick Vilaire, préfacier de l’ouvrage, « […] c’est l’homme de la rue qui fait l’image de l’homme politique. Il fait sa modification pour lui donner une signification, une interprétation à travers le jeu de l’art ». L’homme de la rue affirme donc ses propres impressions, sa position relative.

Que dirons­nous donc au sujet des prochaines joutes électorales? L’insalubrité gagnera­t­elle encore du terrain ? Ferons­nous encore du sur place ? Le temps donnera­t­il encore du temps à André Breton qui eut à dire que « c’est par la force des images que, par la suite des temps, pourraient bien s’accomplir les vraies révolutions » ?

Publicado en Le Nouvelliste
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