Claude Piere, la voz de las masas criollas en Haití

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Claude Piere, la voix des masses créolophones Connaître nos Académiciens Dans le souci de permettre au plus grand nombre de mieux connaître les membres de l’Académie du créole haïtien, la page Culture du Nouvelliste présente dans le courant des mois de juin, juillet et août 2015, une toute nouvelle rubrique intitulée « Connaître nos Académiciens ». Durant ces trois mois, le public aura la possibilité de découvrir les différentes facettes de chacun des membres. Pourquoi sont-ils entrés à l’Académie? Que comptent-ils faire pour valoriser la langue et la culture créoles. Pour ce premier numéro, le professeur et linguiste Claude Pierre nous parle de ce qui l’a poussé à devenir membre de l’Institution.

On sait que vous êtes écrivain, professeur d’Université, pouvez­vous vous présenter au grand public? Claude Pierre (C.P) : D`entrée du jeu, je tiens à saluer la dépouille de Sony ESTEUS, directeur du SAKS, décédé hier, promoteur de radio communautaire en Haïti, ancien étudiant de la Faculté de Linguistique et qui a contribué à la mise sur pied de l’Académie du créole haïtien. Avec grand plaisir! Je suis Claude­Clément PIERRE, né à Corail dans la Grand’Anse. Très tôt, je me suis intéressé aux lettres, aux sciences 1 humaines en général, et avec intérêt et passion, aux sciences du langage. À Jérémie, depuis chez les Frères de l’instruction chrétienne en passant par le collège St­Louis, j’ai progressivement pris conscience des réalités politiques, sociales, économiques et linguistiques de même qui des criantes injustices qui affligent notre société. À Port­au­Prince, au lycée Pétion, j’ai rejoint avec fougue un groupe de jeunes qui, au risque de leurs vies, s`adonnaient aux activités clandestines d`alphabétisation, très mal vues par le système obscurantiste de François Duvalier. Certains camarades ont payé de leurs vies ce bel élan de générosité. Un peu plus tard, à Québec et à Ottawa, j’ai entrepris des études en littérature et linguistique textuelles. Instruit par l’effort épique de la société d’accueil qui se battait avec intelligence et détermination pour être en tout maître chez elle par le contrôle de son économie, l’appropriation de sa langue et la mise en route d’une société plus juste, j’ai compris sans pouvoir le nommer lors, avec bien sûr la guidance des sémiologues et des linguistes modernes, MARTINET, BARTHES, GREIMAS et POMPILUS, la nécessité pour les unilingues créole, de pouvoir faire usage de leurs droits linguistiques, en utilisant cette langue comme leur principal outil de communication. Mon intérêt pour ma langue maternelle s’est révélé donc bien avant la Déclaration universelle des droits linguistiques en 1996. Face à la suprême injustice faite au peuple, à qui l’État refusait, depuis la fondation de la nation, des services dans sa langue, j’ai compris la justesse de cette lutte et j’ai pris fait et cause pour notre langue. J’ai vite saisi le rapport dialectique entre langue et communication puis langue et alphabétisation. Au sein de l’Académie du créole haïtien, je représente tout naturellement une voix des masses créolophones et je tiens à travailler pour tous ceux et celles qui croient que la langue créole doit être légitimement, légalement et universellement mise en usage dans PARTAGER CET ARTICLE Réagir à cet article Les commentaires sont modérés Chaque contribution postée est soumise à modération. Vous pouvez alerter l’équipe du Nouvelliste, d’une contribution qui vous semble ne pas respecter notre charte en cliquant sur le bouton << Voter contre >>, présent sous chaque notre pays sans pour autant reléguer l’autre langue en usage. Ceci dit, je tiens à préciser pour vous que j’avais été recommandé pour devenir membre de l’Académie par Le Journal Bon Nouvèl et par le ministère de la Culture mais une fois devenu membre, on est une voix parmi les 33 devant œuvrer, entre autres, pour le progrès, la standardisation, la modernisation et le prestige de la langue créole. L.N : Avait­on vraiment besoin d’une Académie du créole en Haïti? Pourquoi? C.P : Oui, bien sûr! Les législateurs de la Constitution de 1987 avaient bien compris le sens profond de la levée de bouclier qui avait mis hors jeu la longue dictature des Duvalier. Les masses longtemps en marge.

Le Nouvelliste

 

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