Los artistas ante la tragedia

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L’auteur de « La dernière goutte d’homme », affairé à collecter des dons pour les victimes du cyclone, était concis; pour lui, rien de ce qu’il pourra dire ne saurait traduire son désarroi. « J’ai survolé en hélicoptère les zones de Pestel, Corail, jusqu’à Roseau. Sur 1600 kilomètres, je n’ai pas pu compter deux cents arbres. »

La voix de l’écrivain Claude C. Pierre au téléphone était laconique : « Je suis terriblement affecté. Je ne suis pas de Jérémie, ni de Beaumont, Marfranc, Dame­Marie. Je suis de toutes ces localités. Je suis un vrai Grand­Anselais né à Corail. J’ai fait mes études à Jérémie. Mon père était spéculateur et vendait son café à Beaumont. J’ai mon pied­à­terre chez Dalvanor Étienne, à Roseau. Je crois qu’il est venu le temps d’arrêter de dire que c’est moi le meilleur. Ma zone est la meilleure. Nous avons échoué individuellement, il est temps de penser ensemble et de mener ensemble des actions de santé, d’éducation, de nourriture. Arrêtons de penser dans notre petit coin. Il faut arrêter d’improviser et de prendre en main notre destin.»

Man Lolo, originaire du côté maternel d’Aquin et de Cavaillon et du côté paternel de Torbeck et des Cayes, appelle aussi à la solidarité au niveau national. Ces communes sont très touchées et elle se sent terriblement 1 2 3 4 5 12/10/2016 Jérémie, Corail, Cavaillon, Aquin… cette détresse sans nom des artistes http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/164180/Jeremie­Corail­Cavaillon­Aquin­cette­detresse­sans­nom­des­artistes 3/11 affectée :« Il est extrêmement important que les hommes et les femmes originaires des Nippes, du Sud, de la Grand‘Anse se regroupent pour apporter de l’aide à leurs zones d’origine. Nous devons tous, au­delà de notre peine, marquer notre fraternité. » Man Lolo prend cependant le temps de souligner l’importance d’un travail en commun au niveau du Parlement haïtien, des collectivités territoriales et la communauté internationale à travers les organisations internationales afin d’éviter les erreurs commises lors du séisme de janvier 2010.

Jean Jean Roosevelt, très impliqué dans la vie culturelle de la ville de Jérémie, est abattu : « Je ne me reconnais plus », a­t­il lâché dans un accablement total. Né aux Abricots, dans une section communale du nom de Lafitte, il a grandi et a fait ses études dans la ville de Jérémie. « Je suis très attaché à cette ville, je porte Jérémie en moi, dans mon lit dort tous les soirs une Jérémienne, mon entourage est fortement composé de mes amis et connaissances de Jérémie, mon père y vit encore, une façon de dire que je suis dévasté, comme un soldat après une guerre perdue.»

Syto Cavé, fils de Jérémie, se sent rudement éprouvé :« J’ai connu les cyclones Hazel et Flora, et c’est dur pour le département d’être constamment menacé par ces intempéries. Pour une ville exposée face à la mer, subir un cyclone pareil, c’est terrible. J’ai des parents et des amis qui me sont chers, et ma peine est immense. Avec des amis, on fait le maximum pour envoyer des médicaments, de l’aide dans les zones les plus démunies. Mais c’est avec beaucoup de douleur .»

Maurice Léonce, célèbre Jérémien qui vient de fêter ses 95 ans le 10 septembre dernier, déclare : « De toute ma vie, c’est la première fois que j’ai vécu une furie pareille. Matthew a laissé Jérémie en ruine et je suis profondément touché. Mais ce qui me rend mon sourire et ma vigueur, c’est de voir cette population, quoique victime, se tenir debout. Le courage des Jérémiens et Jérémiennes est un vrai apaisement.»

Malgré leur détresse, artistes, opérateurs culturels et organisations ne lâchent pas. Des actions concrètes et urgentes sont déjà entreprises. Inema Jeudi et Josaphat­Robert Large prévoient de se rendre le jeudi 13 octobre à 12/10/2016 Jérémie, Corail, Cavaillon, Aquin… cette détresse sans nom des artistes la cité des poètes. Lyonel Trouillot, Syto Cavé, à travers les Ateliers du jeudi soir, comptent apporter des matériels nécessaires, de la nourriture à la population. Jean­Claude Fignolé, qui a été maire aux Abricots, se propose de coordonner l’acheminement de tous les dons qui pourraient venir de l’étranger. La Fondation Culture Création est en pourparlers avec des organismes étrangers ainsi que des institutions nationales, comme la Chambre de commerce du Sud, en vue d’une meilleure coordination de l’aide. Haïti Futur, dirigée par Josette Bruffaerts, et d’autres partenaires interviennent actuellement à Camp­Perrin en s’assurant que les habitants ont accès à l’eau potable

Publicado en Le Nouvelliste
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